Elon Musk attise régulièrement la controverse sur Twitter. Entre des sondages provocateurs, des bannissements excessifs de comptes et des règles de modération incohérentes, la gestion du réseau social est à la fois amusante et remet en question la liberté d’expression, valeur chère à son nouveau PDG.
Nouveau rebondissement dans le feuilleton « Elon Musk et les mystères de la liberté d’expression sur Twitter » : le PDG du réseau social a publié le 19 décembre un sondage demandant à sa communauté s’il devait rester président de Twitter ! Pourquoi cette démarche ? Que signifie-t-elle pour l’avenir de la liberté d’expression sur la plateforme à l’oiseau bleu ?
Le sondage d’Elon Musk : du trolling ou un véritable référendum ?
Le PDG de Twitter a promis de démissionner si les résultats du sondage ne lui étaient pas favorables. Il est difficile de croire qu’Elon Musk abandonnera son poste de directeur sur la seule base d’une demande populaire, alors pourquoi organiser un vote ?
Le célèbre milliardaire pourrait profiter de ce sondage pour améliorer sa popularité et mettre en place un changement de rôle qu’il avait déjà envisagé mi-novembre. Il espérait pouvoir passer la main une fois que la plateforme aurait retrouvé sa vigueur : cela pourrait arriver plus tôt que prévu. Et quoi de mieux pour quelqu’un qui affirme haut et fort que Twitter est un lieu où chacun peut s’exprimer librement que de mettre en scène son propre départ sous couvert d’un vote populaire ?
Quelle que soit la réponse, il pourra quitter ses fonctions la tête haute et prétendre qu’il a écouté le peuple ou que c’était la décision à prendre compte tenu du contexte économique… Comme vous pouvez le constater, il est difficile de prendre Elon Musk au sérieux lorsqu’il organise un vote populaire de ce genre. De plus, plusieurs éléments suggèrent que le riche homme d’affaires a une conception assez personnelle de la liberté d’expression : nous vous les résumons ici.
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Twitter : la liberté d’expression avant tout ?
Après l’acquisition de Twitter, Elon Musk a débanni des comptes au nom de la liberté d’expression – ce qui a d’ailleurs entraîné une augmentation de 500 % de l’utilisation du « N-word ». Et pourtant, les semaines suivantes, Elon Musk a agi dans le sens inverse en multipliant les bannissements.
Ainsi, le compte @Elonjet – qui traquait l’avion du milliardaire – et son propriétaire @jxacksweeney ont été définitivement bannis de la plateforme pour avoir divulgué la localisation du milliardaire. Une fois de plus, Elon Musk fait preuve d’une contradiction déconcertante : ce même jour, il avait demandé à sa communauté, via un tweet, d’identifier et de géolocaliser un malfaiteur qui s’en était pris à son fils…
Bannissements abusifs : une liberté d’expression à deux vitesses
Dans sa croisade pour la liberté d’expression, Elon Musk a également banni de Twitter tous les journalistes ayant relayé l’information d’@elonjet… La liberté d’expression fonctionne bel et bien sur Twitter, à condition de ne rien dire sur son PDG.
Mieux encore, initialement annoncée sur Twitter Support avant d’être supprimée, la société a exprimé son intention de bannir tout compte faisant la promotion d’un autre réseau social sur sa plateforme. De plus, le réseau social allemand Mastodon en a fait les frais avant les autres et a depuis été réintégré !
Le saviez-vous ? Suite au rachat de Twitter, l’application allemande Mastodon a gagné 2,2 millions d’utilisateurs.
L’annulation de cette nouvelle politique de bannissement ne semble pas être un acte de pure générosité : il semblerait que cette proposition ne soit pas conforme aux lois antitrust en vigueur aux États-Unis et aux nouvelles règles du Digital Services Act de l’Union européenne.
Certes, cette communication aurait pu être vérifiée en amont, mais comme son PDG l’a si bien dit : « Ceux qui cherchent le pouvoir sont ceux qui le méritent le moins ».
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